Être là ou participer

  • 13 juin 2019
  • Theodore Dela Avle, JEA.C

Être là ou participer

J’ai récemment vu une liste de milieux de travail « les plus engageants » ; ma société y figurait.

Je me suis demandé si j’étais motivé comme conseiller juridique d’entreprise, et j’ai conclu que oui. Mais il y a eu des périodes de ma carrière où j’aurais probablement répondu « pas tant que ça ».

J’ai repensé à ces moments lors desquels j’étais moins enthousiaste. J’étais loin d’être malheureux, mais je ne faisais « qu’être là », que faire mon travail. La motivation venait quand je me sentais « faire partie » de quelque chose et que je participais activement.

Comme conseillers juridiques d’entreprise, nous aimons avoir notre mot à dire. Nous avons tendance à nous percevoir comme des partenaires d’affaires qui sont, accessoirement, avocats. Nous aimons donc être inclus dès le départ dans les décisions commerciales critiques plutôt que d’être appelés à rendre officielles des décisions prises sans nous. Nous voulons en « faire partie ».

L’inverse est tout aussi vrai et important. Il est parfois facile de se retrouver dans une tour d’ivoire, à dispenser des conseils du sommet. Cependant, si vous ne faites pas vraiment participer vos clients, il est peu probable que vous atteignez des résultats significatifs.

Je trouve que les meilleurs résultats s’obtiennent quand mes clients (et partenaires d’affaires) prennent part au processus. J’obtiens cette participation quand je cherche à déterminer leur opinion pour comprendre un problème. Par exemple, ce n’était pas clair au départ pourquoi une ingénieure du groupe de conception avait ou devait avoir une opinion sur ce qui semblait être une clause contractuelle obscure, mais quand j’ai compris comment cela affectait sa manière de faire son travail, cela m’a aidé à fournir des conseils sur notre manière d’obtenir certains services au bénéfice de ce groupe.

Au-delà la participation active, se sentir inclus peut aussi dépendre du fait que vous vous voyez (ainsi que vos opinions) reflété par ceux qui prennent des décisions qui vous affectent. Si vous faites partie de la minorité, que ce soit physiquement ou moins visiblement (par vos opinions, par exemple), le sentiment de ne pas être représenté peut aller d’un désagrément mineur à une véritable inquiétude, ou pire encore.

J’ai assisté à de nombreux colloques juridiques où il n’y avait qu’une ou deux autres personnes de couleur. Normalement, il s’agit d’une simple observation. Étant donné ma situation valorisée — je suis conseiller juridique d’entreprise pour une grande société qui connaît du succès —, cela n’affecte généralement pas mon comportement.

Pourtant, dans un contexte différent, mes sentiments sont plus forts et peuvent empêcher ma participation. Une fois, je me suis présenté pour la première journée d’un stage et la réceptionniste m’a gentiment indiqué que les livraisons se faisaient à l’étage inférieur. Apparemment, dans un bureau où évoluaient des centaines de professionnels et où passaient plusieurs stagiaires chaque été, un jeune homme noir était encore une incongruité.

Les gens de la firme étaient de bonnes personnes, parmi les plus ouvertes qu’on peut rencontrer. Quand j’ai raconté l’incident quelques jours plus tard, ils ont été consternés et attristés par ce qui s’était passé. Ils voulaient savoir quelle réceptionniste avait fait un commentaire aussi dévastateur. Il a fallu de nombreuses conversations avant que certains comprennent que l’identité de la personne n’avait pas vraiment d’importance. Lors du cycle d’embauche suivant, il y avait effectivement quelques personnes de plus issues de minorités visibles, mais j’ignore si certaines sont restées. J’étais passé à autre chose.

Je comprends pourquoi notre entreprise figure sur la liste des employeurs les plus « engageants ». À l’heure du dîner, notre cafétéria ressemble à une salle de conférence de l’ONU : des gens de tous les coins du monde et de tous les âges mangent ensemble. Quand on parle d’inclusion, les apparences comptent. Les gens doivent se voir représentés avant de sentir qu’ils font partie de quelque chose.

Le défi pour moi, comme pour tous les conseillers juridiques d’entreprise et les avocats qui se sentent « engagés », consiste à nous assurer de promouvoir une amélioration de la situation. Le fait que nous « faisons partie » de quelque chose doit servir à aider plus de personnes qui s’identifient à nous à « être là » pour commencer, afin qu’elles aussi puissent sentir qu’elles en « font partie ».

Theodore Dela Avle est conseiller juridique principal pour Bruce Power, où il participe au droit et à la diversité. Contactez-le à l’adresse dela.avle@brucepower.com.