Crowdsourcing

Réseautage à froid et zone de confort : Leçons de développement professionnel

  • 29 mars 2020
  • Barbara De Dios

Réseautage à froid et zone de confort : Leçons de développement professionnel

Pour la première fois, il y a plusieurs mois, j’ai participé de moi-même à un événement de réseautage. Renonçant au système de jumelage, j’ai décidé que le temps était venu de nouer davantage de liens dans le milieu juridique, repoussant la pensée que cela allait m’amener hors de ma zone de confort (et que j’allais me retrouver à poireauter toute seule avec mon verre de vin à la main).

Cette soirée m’a convaincue de poursuivre le dialogue et le mentorat avec des juristes évoluant au-delà des confins de mon rôle d’avocate interne. Repoussant de nouveau les limites de ma zone de confort, j’ai donc contacté par LinkedIn des juristes d’entreprise de ma ville pour leur suggérer d’échanger professionnellement devant un café.

Étrange comme cheminement de carrière, je l’admets.

Et pourtant, je suis ressortie mieux encadrée et encouragée de chaque occasion de réseautage à froid. Les avantages en termes de développement et d’apprentissage m’ont convaincue de poursuivre dans cette voie. Mieux encore : c’est de moins en moins intimidant, j’oserais même dire agréable.

Réseauter en solo : L’intention d’échanger

« Vous allez à un événement de réseautage toute seule? Vous ne connaissez personne? » Ma collègue a secoué la tête : « C’est courageux. Moi, j’en serais incapable. »

Un soir, j’ai jeté quelques cartes de visite dans mon sac, pris un Uber et réfléchi à des sujets de conversation neutres pour éviter qu’un silence gênant ne s’installe en conversant avec un inconnu. Les achats des Fêtes? La course pour terminer les heures de formation professionnelle avant la fin de l’année? Il fallait que ce soit simple pour créer un lien, et assez neutre pour rester professionnel.

Pour les juristes d’entreprise confrontés chaque jour aux mêmes clients et aux mêmes parties prenantes, être branchés au milieu juridique est une aspiration très réelle. Nous souhaitons tous être en relation avec d’autres avocats pour échanger, partager les meilleures pratiques et élargir nos perspectives. La difficulté consiste à déterminer par quoi commencer : où, quand, qui et comment. Au fil de mes expériences, il m’est apparu que la détermination de ces quatre facteurs peut dépendre de mes propres actes intentionnels dans un contexte professionnel.

Vous n’êtes pas à l’abri de vivre ce que j’ai vécu ce soir-là, traînant près des plateaux de prosciutto et grignotant un bâtonnet de pain. J’avais trouvé où, quand et même qui – un groupe voisin qui se trouvait justement à discuter des mêmes sujets que ceux auxquels j’avais réfléchi dans mon Uber plus tôt.

Mais le défi à relever était posé : je ne savais pas comment. Comment interrompre une conversation avec des personnes qui se connaissent depuis des années? Comment intervenir et m’intégrer? Après une grande respiration, je me suis approchée et j’ai lancé ma phrase d’introduction la plus neutre, en me présentant et en demandant aux gens du groupe comment ils trouvaient l’événement. Et cela a suffi.

J’ai tiré de cette soirée une leçon très utile et significative pour ma carrière : le réseautage en solo est moins effrayant qu’il n’y paraît. Nous restons souvent dans le confort du connu, nous nous fions au système de jumelage ou nous attendons d’être présentés par d’autres à des collègues inconnus de la communauté. Toutefois, si on ne fait pas attention, cette dépendance au connu peut limiter notre développement de carrière. En revanche, saisir la chance de rencontrer quelqu’un dans un contexte de réseautage à froid peut créer une multitude d’opportunités : la possibilité de s’impliquer dans des organisations locales, de contribuer à des événements locaux, de donner un avis sur des questions qui ont un impact sur la communauté juridique actuelle, ou simplement de nouer des amitiés professionnelles.

J’ai fait connaissance avec des collègues intéressants d’horizons divers que je n’aurais jamais rencontrés autrement si je n’avais pas osé (et dans mon cas, c’était courageux) dire bonjour.

Rendez-vous au café : Leçons pour avocats

Après ce premier succès, j’ai réalisé que la création intentionnelle d’occasions d’échange et de mentorat était la prochaine étape pratique dans ma quête d’apprentissage et d’avancement de carrière. Je savais qui je voulais comme mentors – des avocats que j’ai souvent lus, mais jamais rencontrés, ou des juristes d’entreprise comme moi qui ont évolué vers les postes de direction auxquels j’aspire.

L’étape la plus délicate consiste à faire le premier contact à froid, sans avoir été présentée, sans personne pour combler l’absence de connu – poser un geste aussi inusité que d’envoyer un message à une personne très brillante sans introduction autre que des connaissances communes sur LinkedIn.

Mais je l’ai fait. J’ai soigneusement préparé un message agréable et professionnel avec une brève introduction expliquant mon rôle d’avocate débutante et qui se terminait par une invitation à prendre un café ou à déjeuner (à mes frais, bien entendu) pour connaître leur point de vue sur leur cheminement de carrière, sans obligation de leur part.

J’ai été submergée. À vrai dire, je ne m’attendais pas à recevoir autant de réponses positives. En outre, je ne m’attendais pas à ce que de parfaits étrangers soient aussi ouverts à passer 30 minutes (ou plus) de leur journée avec moi pour parler de leur cheminement de carrière jusqu’à présent.

En fait, Madeleine Tyber, avocate à la LawPro (Lawyers’ Professional Indemnity Company), que j’ai rencontrée dans un Starbucks du coin par une journée froide et venteuse de décembre, m’a dit : « J’ai découvert que les conversations dans un café sont mon type de réseautage préféré. C’est plus franc et cela crée un rapport plus vrai. »

J’ai compris alors que ma démarche n’était pas si révolutionnaire. Qu’ils soient débutants ou expérimentés, les avocats qui partagent la même vision et qui ont des objectifs similaires de création de réseaux ont souvent les mêmes intentions et aspirations et sont ouverts à discuter, allant même jusqu’à créer des occasions d’encadrement et d’échange sur l’apprentissage et le développement.

Réseautage à froid : La réciprocité

Ces derniers mois, j’ai assisté à plus d’une demi-douzaine de rendez-vous au café avec des avocats de ma ville et j’ai participé à des événements de réseautage en solo très semblables à celui que j’ai décrit ci-dessus. À chaque occasion, la création du lien a suivi la formule consacrée : but et intention suivis d’un contact et d’une réciprocité.

Traitez ces rencontres avec des inconnus comme une conversation professionnelle normale avec un ami. Préparez-vous à poser des questions qui correspondent à vos objectifs et intentions personnels. Établissez un rapport et parlez honnêtement de vos pensées et de vos espoirs de développement de carrière. Il en ressort souvent des idées et des opportunités à mettre en œuvre immédiatement. On pourrait aussi vous présenter d’autres avocats du coin plus aptes à vous guider. D’après mon expérience, la réciprocité professionnelle est plus courante qu’on ne le pense : c’est le refus de connecter qui est l’anomalie le plus souvent.

À vrai dire, le réseautage en solo et le rendez-vous au café ne sont pas encore tout à fait dans ma zone de confort, mais le fait d’entendre d’autres avocats qui occupent des fonctions similaires ou qui ont évolué vers des postes auxquels j’aspire est devenu pour moi un soutien fondamental. En fin de compte, le réseautage à froid est un outil incroyablement précieux et efficace lorsqu’on choisit intentionnellement de l’utiliser.

Barbara De Dios est avocate-conseil auprès de la société Canadian Dental Services. Communiquez avec elle à bdedios@cdscorp.ca.