Le moment des changements sans précédent est venu pour notre profession

  • 23 octobre 2020
  • Brad Regehr

Le moment des changements sans précédent est venu pour notre profession

L’année 2020 a été sans précédent.

Oui, il y a eu des pandémies par le passé, mais jamais dans un monde aussi peuplé, qui dépend autant du commerce mondial et de chaînes d’approvisionnement qui traversent de multiples frontières.

Oui, nous avons vu des manifestations contre la discrimination systémique auparavant, mais jamais la preuve brutale de son existence n’a atteint autant de personnes en même temps, entraînant une prise de conscience accrue et des appels à l’action partout.

La pandémie de COVID-19 et le mouvement « Black Lives Matter » — devenu une abréviation pour la discrimination systémique contre toute personne en raison de sa couleur ou de ses croyances, en particulier les peuples autochtones du Canada — ont mis en évidence à la fois les limites et les inégalités dans la profession juridique et le système judiciaire, ainsi que les occasions qu’une perturbation majeure peut créer. Ils ont poussé les dirigeants à se concentrer davantage sur leurs peuples et ont intensifié les demandes pour des lieux de travail plus diversifiés et plus inclusifs.

L’ABC en appelle à la modernisation du système judiciaire depuis longtemps, mais il semble que ceux qui pouvaient faire avancer les choses n’en avaient pas envie… du moins jusqu’à ce qu’aucune autre solution n’existe. L’ABC a créé un groupe de travail sur la COVID-19 afin de trouver des solutions aux problèmes en évolution constante que crée la pandémie ainsi que de réfléchir aux changements systémiques pouvant améliorer le système juridique en général. La plupart des personnes impliquées dans le système sont d’accord sur le fait que nous ne pouvons pas revenir à la situation antérieure. Tous les changements qui ont été envisagés ne peuvent pas être mis en œuvre et maintenus à l’heure actuelle, mais le mouvement a commencé et ne doit pas s’arrêter.

L’ABC défend également avec ferveur l’équité dans la profession juridique et le système judiciaire, mais depuis les décès de Breonna Taylor et George Floyd au printemps dernier, ainsi que les incidents survenus ici, au Canada, nous avons tous entendu et vu de nombreux exemples du travail qu’il reste à faire.

Voici quelques-unes des actions menées actuellement par l’ABC :

  • En septembre, l’ancienne présidente de l’ABC, Vivene Salmon, et moi-même avons écrit au premier ministre Justin Trudeau et au ministre de la Justice, David Lametti, pour demander une plus grande représentation des PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur) dans la magistrature fédérale. Notre lettre s’inscrivait dans un effort coordonné visant à sensibiliser au manque de diversité des tribunaux. Vivene et moi avons aussi rencontré le ministre Lametti pour discuter des prochaines étapes.
  • En réponse aux recommandations de notre groupe de travail sur la vérité et la réconciliation en mai, nous avons lancé « The Path », une série accréditée en cinq parties qui dissèque la relation historique entre les colons et les peuples autochtones, et examine l’héritage de l’oppression institutionnalisée, comme le programme des pensionnats autochtones. Plus de 1500 personnes se sont déjà inscrites au programme.
  • En septembre, nous avons lancé une série de baladodiffusions présentée par Myrna McCallum en partenariat avec l’Initiative sur la vérité et la réconciliation sur l’exercice du métier d’avocat en tenant compte des traumatismes.
  • Ma propre baladodiffusion, « Conversations with the President », examinera les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation qui traitent directement de la profession juridique et du système judiciaire.
  • Les préjugés inconscients existent et sont réels, c’est pourquoi notre sous-comité sur l’égalité a créé un webinaire sur le sujet, pour aider nos membres à le comprendre et à aborder la question dans leurs propres pratiques, organisations et vies.

Nous cherchons également des façons d’augmenter et de mettre en valeur nos offres en matière d’égalité.

Les avocats du secteur privé et du secteur public ainsi que les conseillers juridiques d’entreprise ont tous un rôle à jouer pour rendre la profession juridique plus accueillante pour nos collègues PANDC ainsi que pour ceux d’autres groupes en quête d’équité, comme les avocats handicapés. Les conseillers juridiques d’entreprise, en particulier, peuvent jouer un rôle déterminant dans des domaines comme la planification de la relève et l’attraction et la rétention de talents divers, puisqu’ils sont également des conseillers stratégiques pour les entreprises. Vous pouvez être les champions de la diversité et de l’inclusion dans vos services et vos organisations en encourageant les employés à s’exprimer et à se faire entendre sur les questions touchant la diversité. Vous pouvez exiger, lors de l’embauche de conseillers externes, que ces cabinets s’engagent à recruter et à promouvoir des avocats issus de la diversité et à les encourager à offrir des possibilités de mentorat.

Les arguments économiques pour la promotion de la diversité et de l’inclusion ont été répétés à maintes reprises : la diversité autour de la table du conseil d’administration subvertit la pensée de groupe, introduit une variété de perspectives nécessaires dans le monde d’aujourd’hui et conduit à une meilleure prise de décision, sans parler de l’amélioration des résultats. Elle peut également améliorer votre réputation et rendre votre entreprise plus attrayante pour les clients issus de la diversité.

Nous sommes en 2020. C’est une année sans précédent, et c’est une excellente occasion de réécrire certaines règles pour mieux refléter l’engagement de notre profession pour la justice et les droits de la personne.

Brad Regehr est le président de l’Association du Barreau canadien pour 2020-2021.